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À la rencontre d’Élaine Lucas – Quand l’élève devient entrepreneur de son apprentissage!


Épisode 13

Élaine Lucas est une leader reconnue en pédagogie entrepreneuriale consciente. Elle a animé de nombreux ateliers, pris part à des congrès et publié des articles dans des magazines tels que Tradition d’excellence et École branchée. Enseignante engagée, elle a accueilli des collègues provinciaux et internationaux dans sa classe laboratoire en apprentissage par l’enquête, puis a contribué également à la rédaction de documents pédagogiques.

Aujourd’hui, Élaine est coordonnatrice de la pédagogie entrepreneuriale consciente aux Services pédagogiques du CSDCEO, où elle soutient son déploiement dans les écoles. Au printemps 2024, elle a coorganisé le congrès Idée, un événement international rassemblant des pédagogues de la francophonie.

Son travail s’inspire des élèves, qu’elle considère capables et compétentes et compétents. Elle est convaincue que chaque élève peut développer tout son potentiel et faire entendre sa voix.


1re partie du balado

Transcription

Élaine Lucas : On voit des enseignants, des adultes, des membres du personnel qui ont une posture très entrepreneuriale, donc qui laissent l’élève, qui donnent la place à l’élève, qui mettent l’élève au cœur de ses apprentissages.

[musique]

Louis Houle : Bienvenue aux conversations pédagogiques avec des passionnés! Initiée par le Centre franco, cette série de balados nous présente des professionnels qui excellent en éducation.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir de retrouver Élaine Lucas, une pédagogue passionnée au parcours inspirant. Née dans une famille où l’éducation occupait une place centrale, après ses études au secondaire, Élaine nourrit d’abord le rêve de devenir orthophoniste. Elle complète un baccalauréat en psychologie linguistique, une étape qui nourrit sa compréhension des liens entre langage et apprentissage. Un an plus tard, avec son brevet d’enseignement en poche, Élaine fait ses premiers pas dans le milieu scolaire, enseignant dans diverses écoles de l’Est ontarien. Parmi ses expériences marquantes, elle relève avec brio le défi d’enseigner un niveau quadruple au primaire, une occasion qui lui permettra de développer une approche pédagogique flexible et créative. Forte de ces nombreuses expériences enrichissantes, Élaine devient plus tard conseillère pédagogique au sein de ce même conseil où elle mettra son expertise au service de ses collègues et des élèves. Aujourd’hui, elle occupe un poste clé en tant que coordonnatrice de la pédagogie entrepreneuriale consciente au Conseil scolaire du district catholique de l’Est ontarien. Retrouvons, ensemble, Élaine Lucas.

[musique]

Louis : Aujourd’hui, j’ai le bonheur de recevoir Élaine Lucas au micro de cette conversation pédagogique. Élaine, bienvenue à ce balado!

Élaine : Merci, Louis, de l’invitation. C’est un grand plaisir pour moi d’être avec toi aujourd’hui.

Louis : Je suis très content que tu aies accepté que l’on parle ensemble de pédagogie. Tout de suite, je vais y aller avec la première question : quand je te dis le mot pédagogie, tu penses à quoi?

Élaine : Pédagogie. Parce que c’est dans mon dossier, je pense vraiment à de la pédagogie entrepreneuriale consciente, c’est-à-dire que l’élève qui est au cœur de son apprentissage, puis l’élève qui s’entreprend, qui s’engage, qui a envie d’être à l’école. Parce qu’à l’école, c’est un milieu de bonheur pour lui. La pédagogie, pour moi, c’est à ça que ça résonne beaucoup dans les dernières années. Je pense que j’ai la chance de travailler aussi avec des pédagogues très engagés et motivés. Je vis pédagogie. C’est passionnant pour moi de discuter pédagogie puis de vivre de pédagogie au quotidien.

Louis : Tu respires pédagogie, c’est ça que je comprends.

Élaine : Oui, quand même assez. [rires]

Louis : Quand tu as répondu à cette question-là, tu as utilisé le mot pédagogie entrepreneuriale. Comme disait Astérix, tu es tombée comment dans cette petite marmite?

Élaine : J’étais à l’école Saint-Victor, à Alfred, et j’avais un directeur nommé Louis Houle. [rires]

Louis : Non, me dis-moi pas. [rires]

Élaine : Qui a proposé ma classe comme une classe où l’on était pour débuter l’apprentissage par l’enquête. Ça a commencé comme ça. J’étais accompagnée d’une conseillère pédagogique. On a commencé l’apprentissage par enquête avec des gens du Ministère pour, tranquillement– L’apprentissage par enquête qui était le nouveau processus qui avait été introduit dans le curriculum d’études sociales à ce moment-là. Puis, tranquillement, j’ai fait mon petit chemin en apprentissage par enquête, puis des parallèles se sont faits. Vraiment, la pédagogie entrepreneuriale consciente, c’est un vecteur pour faire vivre l’apprentissage par l’enquête, entre autres. C’est une des façons où on permet à l’élève de s’entreprendre. Parce que le processus d’enquête nous amène à questionner beaucoup l’élève, puis à le faire réfléchir, donc la métacognition. Cette pédagogie-là, comme je dis, est un bon vecteur pour le faire vivre. Donc, de fil en aiguille, c’était le cheminement logique de poursuivre, c’est ça, mon cheminement professionnel en pédagogie entrepreneuriale consciente.

Louis : Là aussi, tu viens d’utiliser un mot qu’en tout cas que j’entends rarement. Quand tu dis que l’élève peut « s’entreprendre », ça veut dire quoi, ça? Oui, on peut entreprendre quelque chose, mais s’entreprendre? Comment tu définis ça?

Élaine : Quand on parle d’un élève qui s’entreprend, là, on peut penser aussitôt à– Je compare souvent, c’est le synonyme, si on veut, de la HH, de l’autorégulation, mais c’est que l’élève devient un peu l’entrepreneur de lui-même. Il va développer son entreprise de soi, il va trouver une façon de se motiver, de s’engager vraiment avec ses forces, puis ses prochaines étapes. S’entreprendre dans le sens de qu’il s’engage, qu’il connaît ses objectifs qu’il s’est fixés lui-même, qu’il va se trouver les moyens pour y arriver. Les moyens d’y arriver, c’est d’avoir recours à ses ressources, dont les personnes qui travaillent avec lui. Les personnes significatives sont ses enseignants, sa communauté scolaire, la famille, les gens qui l’entourent. Oui, absolument. S’entreprendre, c’est ça. C’est développer l’entreprise de soi. Devenir son propre petit entrepreneur.

Louis : Devenir son patron ou sa patronne.

Élaine : Oui, un peu. Initier, réaliser, gérer ses apprentissages.

Louis : Tu dis beaucoup de verbes. [rires] Initier, gérer, s’entreprendre. J’imagine la réponse, mais ça se passe pour vrai quand l’élève fait ça?

Élaine : Ça se passe pour vrai, mais tu sais, Louis, la magie, là-dedans, c’est qu’on a la chance au CSDCEO d’avoir des écoles où la pédagogie est bien installée maintenant, puis d’autres écoles qui débutent par volonté, parce qu’elles ont envie, parce qu’elles voient l’importance de laisser une voix à l’élève. Je dis ça parce qu’on voit des enseignants, des adultes, des membres du personnel qui ont une posture très entrepreneuriale, donc qui laissent l’élève, qui donnent la place à l’élève, qui mettent l’élève au cœur de ses apprentissages. Pour revenir à tes questions, oui, l’élève qui s’entreprend, on le voit, on l’entend, on le ressent. Quand on rentre dans une salle de classe où il y a de l’apprentissage en profondeur, on voit l’élève qui s’entreprend parce qu’on le voit qui questionne, puis qu’il se questionne aussi. Même chose, on entend l’élève qui s’entreprend parce qu’il y a des discussions, il y a de la collaboration. C’est une classe où il y a des compétences transférables qui sont vivantes, puis l’élève qui est en train de les déployer. On le ressent parce qu’on ressent l’engagement, puis on ressent la curiosité, puis l’énergie, puis le bonheur d’être là. Oui, l’élève qui s’entreprend, c’est vraiment vrai. [rires]

Louis : En même temps, tu as dit que c’est comme quand laisser l’élève s’entreprendre, c’est lui donner de la place, c’est comme lui donner du pouvoir, finalement.

Élaine : Oui, c’est bien dit. Absolument. On parle d’empowerment souvent de l’adulte, mais cette pédagogie-là, c’est ce qu’elle amène chez l’élève. Ça lui donne exactement comme tu dis, Louis. Ça lui donne du pouvoir, ça lui donne un sentiment de capacité énorme. Puis, chaque élève peut y trouver son– Il va développer ces dimensions pour y trouver sa place.

Louis : Dans le contexte scolaire, où est-ce que tu sais, quand tu es prof, tu l’as été, je l’ai été, à un moment donné, on a de la pression de partout, on a de la pression-

Élaine : Ça va vite.

Louis : -Ça va vite, et cetera. Puis, donner du pouvoir, je veux dire, donner la place à l’élève, c’est un peu partager son pouvoir avec l’élève. Ce n’est pas un peu menaçant, ça, comme prof, quand tu as tellement de responsabilités?

Élaine : Absolument, tout à fait, oui. Puis, on travaille beaucoup. J’ai la chance de travailler avec des superpédagogues, comme je disais tantôt, mais des gens qui sont prêts à le partager, ce leadership-là. Dans le fond, oui, c’est le pouvoir, mais c’est leur leadership, c’est-à-dire qu’ils partagent aux élèves. C’est d’installer ce leadership mobilisateur-là dans la salle de classe. Tu as raison que c’est déstabilisant. C’est pour ça que je parlais tantôt d’une posture entrepreneuriale. Le membre du personnel, l’enseignant, ou tous les membres du personnel qui accompagnent les élèves doivent un peu se redéfinir, puis laisser la place à l’élève. Être facilitateur, guide. Oui, tu as raison que ça peut être déstabilisant. Il faut accepter qu’à certains moments, on va laisser ce leadership-là aux élèves, puis à d’autres moments, on va être la personne qui va encadrer, puis ça va être correct aussi.

Louis : Je reprends ma question parce que j’ai l’impression que ce n’est pas facile à faire, ça.

Élaine : Tu as raison, on l’entend tout le temps, le laisser-aller. Il faut laisser aller. Ça part d’une bonne intention. On veut s’assurer que nos élèves atteignent un résultat d’apprentissage, on veut s’assurer de la réussite de chaque élève, donc ça part d’une très bonne intention. On est en train de se rendre compte que, quand l’élève est engagé, puis qu’on lui donne ce pouvoir-là, on l’amène une étape plus loin. On parlait tantôt d’apprentissage en profondeur, c’est ça, on l’amène vers un apprentissage. Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’apprentissage en profondeur. Ce n’est pas ce que je dis, mais on l’amène à être moins en superficie, puis à creuser davantage ses apprentissages, puis à vraiment– Oui, c’est ça, creuser ses apprentissages, vivre des moments d’apprentissage en profondeur.

Louis : Quand Élaine Lucas se retrouve en présence d’un petit Louis qui commence, qui est un jeune prof, qui a les yeux bien ouverts, qui veut, mais qui ne sait pas trop par où commencer et qui veut bien faire. Quel est le conseil que tu pourrais donner à cette personne-là, juste de même?

Élaine : Oui, un petit conseil que je donne souvent, puis qui est, je ne veux pas dire qu’il est simple, parce que ce n’est pas vrai qu’il est simple, mais qui peut se réaliser simplement, c’est plutôt ce que je veux dire. C’est d’arrêter de répondre aux élèves. Ça a l’air drôle, mais répondre par des questions, questionner les élèves. Donc, amener vraiment l’élève à se questionner, à réfléchir puis à développer cette pensée critique. Ça, c’est un petit changement qu’on veut apporter pour développer une posture où l’élève va pouvoir davantage s’entreprendre. Ce serait ça, l’art de questionner, développer son questionnement.

Louis : Élaine, tu es en train de dire que j’arrête de donner des réponses et, plutôt, je pose des questions.

Élaine : Oui, peut-être pas arrêter de donner des réponses. Au début, ça va être déstabilisant. Les élèves, ils veulent juste avoir la réponse : « Peux-tu juste me le dire, Madame? » De renvoyer plutôt que d’offrir une réponse, c’est fini, on s’arrête. De répondre par une question, ça demande à l’élève de continuer à réfléchir, de continuer à rester engagé dans son apprentissage.

Louis : Tu l’as dit aussi au début de ta réponse, est-ce que le fait de poser des questions à l’élève, il va se dire : « Ah non– » Soit il ne posera pas la question parce qu’il va dire : « Elle ne répondra pas et elle va me faire réfléchir. » Et ça, c’est encore plus de travail finalement.

Élaine : Oui, tu as raison, Louis. Une autre, c’est souvent, on va encourager les élèves, si tu n’as pas envie d’aller poser ta question à Madame, pose-la à ton partenaire à côté. Peut-être que lui va te donner la réponse, mais ça l’aurait fait réfléchir, lui. Oui, tu as raison, ça peut créer un peu ce climat-là, mais ça se travaille. C’est dans notre gestion de classe. En début d’année, on installe ce climat de curiosité, d’engagement, d’enthousiasme, puis l’élève s’habitue à se faire questionner. Il sait : « Je n’irai pas voir Madame parce que je n’aurai pas la réponse. Je vais trouver des solutions. » Là, on est en train de travailler plein d’autres HH, compétences, comme on disait tantôt.

Louis : En même temps, si j’ai une classe d’élèves, ce n’est pas le bon terme, mais des élèves axés sur leurs résultats scolaires, souvent, les autres veulent juste, entre guillemets, plaire à la personne enseignante pour avoir les meilleures notes possibles. Dans leur question, avant c’est : « Il faut juste me dire, Madame, ce que tu veux. Je vais te le donner et je veux réussir. » Là, ce n’est pas ça du tout.

Élaine : Non, c’est une culture à repenser si l’on veut, et c’est ça qui est en train de se passer un peu. Maintenant, on le voit aussi dans nos écoles secondaires. Les élèves arrivent avec ce mindset-là, ils grandissent un peu avec. « Là, je n’ai pas le choix, je dois m’entreprendre. » C’est certain. Oui, j’avoue que c’est déstabilisant pour certains élèves qui veulent juste être rentables dans leurs apprentissages. Il faut que ça aille vite. On passe au prochain, on y va. Je continue. C’est de leur montrer d’autres choses, de développer d’autres habiletés qui sont essentielles.

Louis : En même temps, j’ai plein de questions. Quand tu me dis ça, je me dis : « Okay, mais qu’est-ce qui arrive à la situation où est-ce que–? » Là, tu as fait un super bon travail comme prof, des habiletés à se poser des questions. Puis, là, l’élève se retrouve l’année d’après dans une autre classe où, là, la personne enseignante, c’est un autre modèle. Ce n’est pas nécessairement celui qu’on vient de pousser pendant 10 mois. Il n’y aura pas le risque pour l’élève d’abandonner ou je ne sais pas?

Élaine : C’est une bonne question, mais c’est relatif dans le sens que c’est développé chez l’élève. Je pense que ça peut être en dormance pendant l’année scolaire, mais que l’élève va être capable de le réactiver dès qu’il en aura l’occasion. Peut-être qu’il n’est pas en train de l’exercer dans sa salle de classe, mais peut-être que je lui ai donné des habiletés pour les devoirs en soirée, ou le travail, ou les discussions avec les adultes ou les gens autour de lui. En même temps, Louis, c’est correct que l’élève s’habitue à différents styles d’enseignement, c’est correct, puis c’est nécessaire même. Ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise avec le même type de pédagogie.

L’essentiel, c’est qu’on permette à l’élève de s’entreprendre puis d’être engagé. Qu’on le fasse de différentes façons, mais l’essentiel, c’est de le faire. Oui, ça arrive des situations comme ça, mais je pense que ça peut être bénéfique pour les élèves parce que, comme on dit, ils développent autre chose, on les amène ailleurs.

Louis : Parce que, comme tu as dit, il y a différentes façons de s’engager à titre d’élève.

Élaine : Absolument.

Louis : Il n’y a pas un prof qui ne demandera pas à ses élèves de s’engager, c’est juste que les façons vont être différentes.

Élaine : Oui, super bien dit, j’aime beaucoup. Tout à fait. Je pense que c’est le point commun des pédagogues, on veut que les enfants soient heureux, qu’ils soient engagés, puis qu’ils soient là pour les bonnes raisons. Oui, absolument.

Louis : Là, on va continuer notre beau petit chemin en te disant, est-ce que, par contre, quand tu proposes ce modèle-là en début d’année, il y a des parents, qu’est-ce que tu dis aux parents quand eux et elles, ce n’est pas le modèle qu’ils ont eu quand ils étaient à l’école? C’est peut-être un modèle très prescriptif, assois-toi, écoute et performe. Là, on change le modèle. Les parents ne le connaissent pas. Qu’est-ce qu’on fait? Comment on réagit avec les parents?

Élaine : Oui, ça aussi, c’est une bonne question. Souvent, en accompagnement, on discute de ces questions-là parce que ça peut être une crainte et/ou une réticence et/ou un facteur de stress pour les enseignants. Je te dirais, Louis, il y a différentes façons qu’ils font, entre autres. De plus en plus, Louis, on voit les enfants qui sont présents aux rencontres de parents enseignants. Les enfants qui sont là pour expliquer un petit peu, voici comment ça se passe dans ma salle de classe. Les enfants sont conscients que leurs parents n’ont pas reçu la même éducation qu’eux. Ils vont trouver une façon de leur expliquer. Là, ça va avoir l’air drôle ce que je dis, mais c’est comme tout le reste. On est en évolution.

La pédagogie de l’éducation a suivi cette évolution-là, mais c’est juste de trouver les bons mots pour l’expliquer. Les meilleures personnes pour le faire sont les élèves. C’est ça. On voit de plus en plus, c’est super intéressant, d’élèves qui sont présents quand on a besoin d’expliquer ça aux parents. C’est les élèves qui vont leur dire un petit peu comment ça se passe dans ma salle de classe, puis comment ça peut se passer à la maison. On invite aussi les enseignants, Louis, à solliciter les parents, les questionner. Le soir, je jase avec les grands de ce qui s’est passé à l’école aujourd’hui pour poursuivre ces discussions-là à la maison.

Louis : Si j’invite les enfants à la rencontre de parents, je donne encore du pouvoir aux élèves.

Élaine : Absolument.

Louis : Là, je vais le faire toute l’année, sur différentes façons finalement.

Élaine : Absolument, Louis, tout à fait.

Louis : Je souris parce que je trouve ça très intéressant ce modèle-là. Comme j’ai dit tantôt, quand on offre des occasions d’engagement, puis que l’élève voit les résultats parce que, là aussi, je pense que, dans cette approche, je ne sais pas si l’on appelle ça une approche, mais, dans ce modèle-là, l’élève va voir les résultats par lui-même.

Élaine : Oui, parce que, dans la pédagogie entrepreneuriale, on lui demande, comme on disait, de s’entreprendre, de se fixer des objectifs. Il va se fixer des objectifs. On va lui offrir la rétroaction, mais il va aussi rétroagir sur ses propres objectifs. On voit plein de façons où ça se vit dans nos salles de classe présentement. Donc, oui, il va être capable d’être le morceau conscient de l’entrepreneuriat conscient, c’est exactement ça, Louis. C’est qu’il devient conscient de là où je suis, là où je vais aller, qu’est-ce qui me manque, qu’est-ce que j’ai comme force qui va me permettre de poursuivre mes apprentissages. Oui, l’élève se voit s’améliorer parce qu’il en est beaucoup plus conscient. Il est beaucoup plus conscient de l’impact qu’il a sur lui-même, sur les autres, sur son environnement parce qu’on lui donne, j’ai utilisé le mot pouvoir tantôt, on lui donne ce pouvoir-là d’en être conscient. On lui donne les outils nécessaires pour qu’il se conscientise sur ses forces et ses prochaines étapes.

Louis : Je vais revenir sur la question de Louis, le jeune prof qui commence. Je ne sais pas s’il va être d’accord. J’ai l’impression que, quand je commence, comme à titre de personne enseignante, j’ai mon triangle à maîtriser. J’ai mon curriculum. Après ça, j’ai mes stratégies pédagogiques. Après ça, j’ai ma gestion de classe, appuyée par des outils comme la technologie, et cetera, et tout ce qui entoure ça. C’est quoi le conseil que tu donnerais à cette personne qui commence? Comment elle va survivre avec tout ça? On sait que les statistiques nous disent qu’après trois ans, je pense, je ne sais plus c’est quoi le pourcentage, mais il y a un haut taux de personnes, après trois ans, qui décident d’arrêter d’être enseignant, enseignante pour faire d’autres choses. Comment on fait pour survivre ces trois années-là, selon toi?

Élaine : Je pense que, maintenant, plus que jamais, là, si je parle chez nous, au CSDCEO, on offre des ressources super intéressantes. Par exemple, dans chacune de nos écoles, il y a des leaders pédagogiques maintenant. Des personnes qui sont là pour t’aider, être ton mentor, venir avec toi dans ta salle de classe, qui sont en appui de ce que, nous, on appelle dans la pyramide d’intervention de la zone verte, qui sont vraiment là pour être en action avec toi, puis essayer des stratégies à fort impact. Ça, ça serait une des premières suggestions, aller vers les ressources qui sont disponibles dans ton école. J’ai nommé le leader pédagogique, mais il y a plein d’enseignants. Tu n’es pas seul. Des fois, tu te sens seul parce que c’est une montagne, c’est gros, la tâche, mais dans chacune des écoles, il y a des équipes formidables d’enseignants chevronnés et moins chevronnés aussi, mais qui sont là pour offrir des ressources. C’est la même chose.

On offre beaucoup de formations maintenant. De plus en plus, ils ont accès à des plateformes comme les Instituts aussi du Centre franco. Il y a plein de façons où l’on peut– On va se dire, des fois : « Okay, il faut que je m’assois, que je prenne mon temps, que j’écoute. » Mais, il y a des fois que ça peut être juste un élément déclencheur pour : « J’ai trouvé une piste, une solution. » La mettre en application, ça va beaucoup mieux.

Revenir à ta question, je dirais certainement, Louis, d’utiliser les ressources, les ressources humaines qui sont autour d’eux parce qu’il y en a plus qu’il n’y en a jamais eu dans leurs écoles. Oui, définitivement.

Louis : Sans mentionner de nom, toi, Élaine, est-ce que tu as eu un ou une mentor(e) quand tu as commencé?

Élaine : Définitivement. Je vais mentionner un nom, mais ça a été mon père les premières années. Oui, c’était mon mentor, mais c’était surtout mon guide. C’était comme lui. Quand je vais être grande, je vais être comme mon papa.

Louis : Ton modèle, c’est ton modèle.

Élaine : Oui, parce qu’on entendait souvent souvent : « Monsieur Parisien, c’était mon– » À cette époque, je l’idolisais, mais, en même temps, je me disais, c’est cette relation-là que je voudrais avoir avec mes élèves parce qu’avec cette relation-là je savais qu’ils étaient pour être engagés. Comme je viens de dire, après, dans chaque école où j’ai eu la chance de travailler, il y en avait des gens vers qui je me tournais, Louis. Puis même, ces gens-là sont encore dans certaines écoles, même si je ne suis plus dans l’école, quand j’ai des questions ou que j’ai besoin de rebondir des idées. Comme avec toi, par exemple, ça nous arrive de le faire, Louis. Je le fais encore avec des collègues enseignants, de dire : « Okay, wow, ça, ça peut marcher comment? »

Louis : Telle chose.

Élaine : Exactement. Puis, c’est important de le faire. Je disais tantôt que je suis passionnée de pédagogie, mais je pense qu’il y a des pédagogues passionnés comme ça partout dans chacune de nos écoles, puis on a la chance de garder ça à l’humain. Oui, absolument, il y a eu des gens qui ont influencé ma carrière, c’est certain.

Louis : Je suis très d’accord avec toi parce que, quand j’ai accepté le poste de direction d’école, peut-être qu’avant j’avais l’air d’un gars qui était en avant de ses affaires, mais j’avais un mentor que j’appelais en disant : « Hé! qu’est-ce que je fais avec ça? »

Élaine : « À l’aide! »

Louis : Oui, exactement. Je pense que c’est la force de la communauté. Puis, là, en plus de ça, j’ajouterais aujourd’hui qu’on a notre communauté proche, notre cercle qui est tout près, qui s’appelle les collègues, et cetera. Toi, il y avait ton père. Maintenant, il y a un cercle qui est un peu plus grand qui s’appelle le cercle virtuel où est-ce que, là, on a encore accès. J’ai l’impression qu’aujourd’hui on a accès à plus de ressources que moi, j’avais accès, mettons, quand j’étais prof et quand j’ai commencé. On pourrait en parler longtemps, mais tu regardes sur les réseaux, et cetera, les formations qui sont disponibles, je pense que c’est une très bonne idée.

Élaine : J’ajouterai, parce que, oui, j’ai parlé de collègues avec qui je collabore encore, mais j’ai toujours apprécié la relation que j’avais avec mes directions. J’ai toujours vu les directions aussi comme des gens qui pouvaient nous leader. Je n’ai jamais hésité à aller vers les gens. Je disais tantôt pour un jeune Louis qui commence d’aller vers les ressources. J’ai fait la même chose. J’ai eu la chance que ça fonctionne bien pour moi. J’ai eu des directions qui ont été de très bons leads, de très bons guides, puis qui nous poussaient, qui me poussaient à continuer. Je voulais juste l’ajouter.

[musique]

Louis : Pour écouter la suite de ce balado, ou encore pour découvrir les autres épisodes, visitez le site Internet du Centre franco sur Instituts, sous l’onglet Formation. Vous pouvez aussi les trouver sur Spotify et sur www.baladopedago.com, un site qui propose une riche sélection de balados éducatifs en français.

Enfin, pour découvrir l’ensemble de nos nouveautés, inscrivez-vous à notre infolettre, consultez nos réseaux sociaux ou visitez le www.centrefranco.ca.

[musique]

2e partie du balado

Transcription

Élaine Lucas : C’est ça, le défi. Quand tu arrives à aller maîtriser ça, puis vraiment à te dire : « Je sais où je dois aller, je connais la destination. », je vais laisser le chemin libre à l’élève.

[musique]

Louis Houle : Bienvenue aux Conversations pédagogiques avec des passionnés! Initiée par le Centre franco, cette série de balados nous présente des professionnels qui excellent en éducation. Aujourd’hui, nous retrouvons Élaine Lucas qui continue de partager sa vision de la pédagogie entrepreneuriale consciente, tout en mettant en lumière la puissance de la rétroaction et l’importance du développement des compétences transférables. Elle nous présente enfin une ressource très intéressante à explorer.

[musique]

Élaine, à quelques reprises, depuis le début, tu as utilisé l’expression « apprentissage en profondeur ». Comment est-ce qu’on pourrait définir ce terme? Ça se situe où dans la pédagogie?

Élaine : L’apprentissage en profondeur, c’est l’élève qui le vit. La pédagogie entrepreneuriale consciente, c’est le vecteur qui va amener l’élève à vivre de l’apprentissage en profondeur.

Louis : Vecteur étant le moyen. C’est ça?

Élaine : Oui, exactement. Le moyen d’installer un climat où– L’apprentissage en profondeur, c’est étroitement lié aux compétences transférables. La pédagogie entrepreneuriale va installer un climat où les compétences vont être vivantes, donc l’élève va vivre des apprentissages qui sont en profondeur. Tu sais, quand on parle du HP qu’on évalue tout le temps, mais qu’on ne sait pas– La pensée critique, la pensée créative, même la mise en application quand on est rendu à la MA1, 2, 3, même chose, HP1, mais 2, mais 3. C’est ça. On vit vraiment un apprentissage qui est en profondeur.

On vit présentement des rencontres régionales en pédagogie entrepreneuriale, puis on la pose, Louis, cette question-là parce que c’est toujours intéressant de voir un peu : c’est quoi exactement pour nous, pour vous, l’apprentissage en profondeur? D’ailleurs, dans notre plan stratégique, c’est une des innovations, l’apprentissage en profondeur, qui commence à être défini dans notre plan stratégique. C’est de proposer des environnements d’apprentissage qui sont authentiques et durables.

Tu as parlé de littératie numérique tantôt, donc que la littératie numérique fasse partie de façon efficace de la vie de l’élève, que l’élève soit engagé parce qu’on lui a permis de s’entreprendre, et ainsi de suite. Chez nous, l’apprentissage en profondeur, dans notre plan stratégique qui se termine en 2025, c’est comme ça qu’on l’a défini.

Louis : Finalement, un prof, une personne enseignante, ce n’est pas un créateur de contexte?

Élaine : Non.

Louis : Non?

Élaine : Oui, c’est un créateur de–

Louis : Okay. Là, j’étais pour dire : « Non. Ça veut dire que je n’ai rien compris depuis le début. » [rires]

Élaine : Absolument. [rires] Je me concentrais sur le mot contenu. C’est un créateur de contextes, absolument. Tout à fait. Je reviens à ton jeune Louis de tantôt. Ça sera moins évident pour lui parce que les vieux comme nous, comme moi, on les connaît nos programmes-cadres. On connaît le programme-cadre aussi de l’année d’avant, puis de l’année d’après. On sait d’où notre élève arrive, puis on sait où notre élève doit aller.

On l’installe, ce climat-là, puis l’élève aussi vient à le savoir parce qu’on lui renvoie souvent. Oui, c’est certain, Louis, que pour ces jeunes enseignants-là, c’est ça le défi, mais quand tu arrives à aller maîtriser ça, puis vraiment à te dire : « Je sais où je dois aller, je connais la destination. », je vais laisser le chemin libre à l’élève.

Louis : C’est beau, ça. Je sais où je veux que l’élève s’en aille, mais je vais lui laisser le champ libre pour qu’il fasse son propre chemin.

Élaine : Exact.

Louis : Les mots me manquent. Je suis en pleine réflexion par rapport à ce que tu dis. Quand on regarde ça, comment je réagis par rapport– Justement parce que tu as parlé de curriculum. On sait qu’on a des examens du Ministère et l’on nous dit : « N’oublie pas, il faut que, entre guillemets, tu couvres ton curriculum. » Oui, vas-y.

Élaine : Ça aussi, c’est une bonne question, Louis, parce que les nouveaux programmes-cadres, les programmes-cadres plus récents, on y retrouve les mots, justement, de l’élève qui va s’entreprendre, puis amènent vraiment l’élève à être au cœur de ses apprentissages.

Par exemple, régulièrement, dans les curriculums, on va avoir des moments où l’on va vouloir faire le lien avec la vie quotidienne de l’élève qui se retrouve dans un contexte familier. Les nouveaux programmes-cadres, tu as raison, ça doit demeurer l’élément central de notre planification, mais on a la chance qu’ils permettent que cette pédagogie-là soit vivante parce que c’est comme ça que sont créés maintenant les programmes-cadres.

Louis : Depuis le début, on parle de pédagogie entrepreneuriale consciente. Est-ce qu’il y a des pièges qu’il faut éviter? Parce que, comme dans tout, à un moment donné, il y a des choses peut-être qu’il faut faire attention?

Élaine : Des pièges à éviter? Peut-être d’essayer d’en faire trop, d’être trop gros. On va souvent penser pédagogie entrepreneuriale : « Mes élèves doivent faire un projet. » Parce qu’à la base, un des morceaux, c’est d’aller répondre à un besoin. On n’en a pas beaucoup parlé de tout ça, on n’a pas beaucoup parlé du morceau communautaire, mais un des morceaux, c’est d’aller voir, d’aller répondre à un besoin de notre communauté qui peut être notre communauté scolaire ou notre communauté externe. Il y a des gens, des fois, qui voient ça de façon très grande, puis ça devient gros.

À la base, Louis, on n’en a pas parlé, peut-être de façon intentionnelle, on veut d’abord que l’élève s’entreprenne, que c’est lui. Il va développer son entreprise de soi avant de partir en mission, si l’on veut.

Louis : Ça veut dire, tu dis : « Attention, concentrons-nous sur s’entreprendre à titre d’élève avant d’entreprendre à vouloir changer le monde. »

Élaine : C’est très bien dit. C’est exactement ça, Louis.

Louis : Parce qu’après que tu auras acquis peut-être certaines compétences ou encore de la confiance comme élève, là, peut-être que tu te centreras un peu plus : « Je vais regarder les défis peut-être qui s’offrent à moi, puis à nous, et d’essayer de faire quelque chose. » Est-ce qu’il y a des compétences– Parce que dans le cadre de compétences en Ontario, il y a certaines– Est-ce qu’il y a des compétences qu’on devrait développer en priorité, tu penses?

Élaine : Ça, c’est une question piège un peu.

Louis : Je ne savais pas ça. [rires]

Élaine : Piège dans le sens– [rires] Non, mais il y a deux façons un peu de penser. Il y a des gens qui vont mettre beaucoup l’emphase sur : « Développons une compétence avant de commencer– » Je pense davantage que c’est : « On a de la maternelle à la 12ᵉ année pour les– » Ça ne s’arrête pas en douzième année.

Louis : Oui. Ça continue.

Élaine : Oui, c’est ça. Nous, comme pédagogues, on a tout le cheminement scolaire des enfants pour le développer. Je pense que les élèves vont le développer aussi selon leurs forces, leurs qualités, leurs valeurs. Ils vont aller mettre de l’emphase. Aussi, c’est là que la rétroaction peut être super puissante, Louis. Si l’on donne la bonne rétroaction, puis qu’on amène l’élève à se fixer des objectifs par défaut, il va aller travailler la compétence sur laquelle il a besoin de travailler.

Pour en revenir à ta question, je te dirais : « Non, il n’y a pas – pour moi, mais ça, c’est Élaine – d’ordre séquentiel. » C’est juste : « Il y a cette compétence transférable. Soyons familiers avec ces sept compétences-là, puis offrons des contextes aux élèves pour qu’ils puissent les développer. » D’ailleurs, on parlait des programmes-cadres à la question précédente. On les trouve maintenant, les compétences, à même les programmes-cadres. Les programmes-cadres nous offrent des contextes pour mettre de l’avant ces compétences-là.

Louis : C’est vrai ce que tu dis parce que, finalement, si je mets l’accent sur une, deux ou trois compétences, j’ai peut-être certains élèves, qu’eux autres, cette compétence-là, ils l’ont développée naturellement et facilement. Je leur offre quoi à ces élèves-là pendant ce temps-là? Parce qu’on est dans un contexte où on a des enfants différents avec des besoins différents et des situations différentes.

Élaine : Absolument. Ça revient à s’entreprendre. Si moi, je sais : « Élaine a besoin de travailler sa communication, mais Louis, non. » Comme on a dit tantôt, les compétences, on les travaille toujours, tout le temps, mais Louis, c’est une compétence qu’il maîtrise bien, il est à l’aise. Peut-être que Louis va se concentrer davantage sur la pensée critique ou la collaboration, et ainsi de suite. Oui, c’est une autre façon de s’entreprendre, d’être capable d’identifier, comme on disait plus tôt, ses forces, ses prochaines étapes dans tout et partout, même les compétences.

Louis : Aujourd’hui, quand on regarde autour de nous, il y a différents courants par rapport à l’utilisation de la technologie en salle de classe. Après ce qu’on a dit, où se place la technologie en salle de classe?

Élaine : La littératie numérique, c’est la nouvelle compétence, Louis, qui a été ajoutée. C’est la plus récente. Elle a été justement rajoutée récemment dans les compétences qu’on dit maintenant transférables chez nous, justement parce que les élèves sont surexposés, peut-être, au numérique, donc il faut y avoir une place.

Si l’on regarde le modèle SAMR, il revient souvent dans nos discussions avec– L’équipe de services pédagogiques, on l’a souvent en arrière de la tête parce que oui, il faut l’exploiter, le numérique, mais il ne faut pas le surexploiter non plus. Il ne faut définitivement pas le sous-exploiter, il faut avoir un équilibre. Ma réponse ne veut pas dire grand-chose, mais je pense que l’équilibre va être défini selon le milieu aussi.

Louis : Chère Élaine, on est rendu à l’étape de notre conversation où je t’ai demandé, au préalable, est-ce qu’il y a une ressource que tu voudrais nous présenter qui vaudrait vraiment la peine qu’on regarde, qu’on lise, et cetera?

Élaine : Oui. Je l’ai nommée souvent dans la discussion. Il y a une nouvelle ressource, pas si nouvelle que ça parce que j’ai eu la chance de faire partie de l’équipe TacTIC dans les dernières années, puis on l’a explorée avec l’équipe TacTIC l’an passé, la ressource s’appelle S’engager dans l’apprentissage en profondeur : des outils pratiques et stimulants.

J’avais envie, Louis, de te jaser de cette ressource-là aujourd’hui parce que je l’utilise beaucoup, cette année, dans mes accompagnements pour plein de raisons. Entre autres, il y a des exemples concrets qu’on peut faire avec les élèves qui nous amènent à leur permettre de vivre des apprentissages en profondeur. La ressource fait des liens directs avec les compétences transférables, celles qu’ils nomment encore « globales ». C’est correct parce qu’on les nomme encore « globales » de façon pancanadienne. Dans ce cas-ci, des compétences globales, et les mettre en action. C’est ça, ils offrent des ressources, des façons pour qu’on les voie en action.

Elle est super pratico-pratique. C’est ça. Je l’utilise beaucoup, on l’offre aux enseignants avec qui on collabore étroitement. Dans chacune de nos écoles, les directions ont eu les copies, des enseignants aussi. Pas juste des enseignants, des membres du personnel qui avaient envie de l’avoir l’ont reçue parce que c’est ça, elle est vraiment pratico-pratique, puis elle permet de mettre en lumière de gros morceaux, de grosses roches sur lesquelles on travaille présentement. C’est la ressource que j’avais envie de te jaser aujourd’hui.

Louis : C’est super parfait. On va justement mettre la référence. Les gens auront accès à cette ressource. La prochaine question, c’est une question que j’aime beaucoup poser. Je remercie toujours Marius Bourgeoys qui, un jour, m’a suggéré cette question, qu’il utilise, lui aussi. Je te dis un mot ou une phrase et toi, tu qualifies, tu ajoutes à ça quelques mots, quelques phrases. Si je commence par le mot collaborer?

Élaine : Je pense que c’est un de mes mots préférés. Tu me connais, Louis, tu sais que la collaboration, j’apprécie beaucoup. Collaboration avec l’ensemble de tout le monde. Je le dis depuis le début, pas juste les enseignants, les membres du personnel. Super important. J’aime collaborer avec des élèves aussi quand j’en ai l’occasion. C’est une énorme richesse d’échanger avec des collègues. Je ne sais pas quoi te dire d’autre de plus. Ça fait partie de ma personne de vouloir collaborer. [rires]

Louis : Je le savais un peu.

Élaine : Si je te dis : « Élève en grande difficulté »?

Élaine : Je me dis, des outils. Je veux l’aider, je veux qu’on se mobilise, je veux qu’on soit là pour lui, je veux qu’il se sente appuyé, je veux qu’il puisse s’entreprendre dans ses difficultés, je veux qu’on lui offre des ressources. Encore là, on fait déjà tout ça, je pense. Oui, c’est ce que je dirais, Louis. Être très inclusif, équitable parmi tout ça, puis continuer à leur offrir les mêmes occasions d’apprentissage, à tous et chacun.

Louis : Prochain mot ou prochaine série de mots : « Avec nos propres enfants »?

Élaine : Mes propres enfants, c’est du gros bonheur. [rires] J’ai la chance d’avoir des enfants, je vais le dire parce que c’est mes petits, adorables, intelligents, agréables, avec qui je peux discuter. Je vis de gros moments de bonheur. Là, un petit peu de nostalgie– Non, pas un petit peu, de la nostalgie parce que le grand est parti, puis la petite est en 12ᵉ année, donc va quitter aussi. Avec mes propres enfants, j’ai adoré leur faire vivre toutes sortes de découvertes, puis apprendre différentes cultures, traditions, et cetera.

Louis : Il en reste deux. Si je dis : « Direction d’école »?

Élaine : J’adore discuter avec les directions d’école. Peut-être qu’un jour je vais avoir la chance d’être une direction d’école. On verra bien. Je pense que je le mets sur ma route, mais je ne suis pas certaine encore. Pourquoi je ne suis pas certaine? Je te le dis, Louis, c’est parce que j’adore ma job. [rires] J’ai la chance de vivre des moments vraiment très stimulants. On verra bien. Mes directions d’école, je les admire. C’est un gros chapeau qu’ils portent, donc, oui.

Louis : Élaine, le dernier mot, c’est : « Rêve pédagogique ».

Élaine : Louis, je te dirais, au CSDCEO, on a mis sur pied un profil de sortie de l’élève. On n’en a pas discuté dans ces petits moments-là, mais, dans le fond, le profil de sortie, c’est comme une amalgamation de tout ce qu’on a jasé. L’élève, encore là, de la maternelle à la 12ᵉ année – ça ne s’arrêtera pas, comme on disait tantôt, à la fin de sa 12ᵉ année – chaque dimension du profil de sortie commence par : « chaque élève peut », « chaque élève apprend à », « chaque élève »–

Mon rêve pédagogique, c’est que ça soit ça, que chaque élève ait l’occasion de développer chacune des dimensions, puis de se sentir vraiment épanoui dans nos écoles. Je pense qu’on y arrive. Je pense que je le vis, mon rêve. C’est pour ça que je t’ai dit tantôt : « J’aime ma job, j’en suis passionnée. » Je pense qu’on y arrive parce qu’on offre les dispositions nécessaires pour le faire. C’est ça. Je voudrais juste que chaque élève soit heureux à l’école pour qu’ils puissent entrevoir ces moments à l’école pour ne pas que l’école soit un passage obligé, mais plutôt un passage souhaité ou un passage–

Louis : Signifiant, peut-être?

Élaine : Signifiant, oui.

Louis : Élaine, on est déjà rendu à la fin de ce balado. J’aime toujours donner à mes invités la possibilité de conclure. Tu as le micro, conclusion pour ce balado.

Élaine : Okay. Merci, Louis. Je pense que, pour conclure, on a parlé beaucoup dans le balado du pouvoir qu’on offre à l’élève, puis de l’élève qui s’entreprend. Je pense qu’il ne faut pas oublier que, derrière l’élève, il y a des membres du personnel, des enseignants, des directions, des membres du personnel qui sont en appui, puis qui leur permettent de vivre des apprentissages qui sont en profondeur. Il y a tout un monde derrière les élèves, tout un village, des fois, qu’on dit, derrière les élèves, qui sont là pour les guider.

En conclusion, ça serait juste de signaler, de mettre l’importance sur tout ce travail-là qui est fait en amont, derrière les élèves, par les enseignants, par les membres du personnel qui sont incroyables.

Louis : Aujourd’hui, j’avais le plaisir de m’entretenir avec Élaine Lucas, qui est coordonnatrice de la pédagogie entrepreneuriale consciente au service pédagogique du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien. Merci, Élaine. À la prochaine!

Élaine : Un grand merci, Louis. C’était super agréable de passer ces moments avec toi.

[musique]

Louis : Merci d’avoir pris le temps d’écouter ce balado. Pour avoir accès aux autres épisodes, visitez le site Internet du Centre franco. Vous pouvez aussi les trouver sur Spotify et sur www.baladopedago.com, un site qui propose une riche sélection de balados éducatifs en français.

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